�Je n�avais pas manqu� de lui glisser un mot d�avertissement quand il passa pr�s de moi, car j�avais une sorte d�affection pour mon homme.
�-- Tenez votre Derringer bien libre dans votre ceinture, Monsieur, que je dis, car il pourrait se faire que vous en ayez besoin.
�Il me regarda bien en face avec un sourire tranquille, et alors je le perdis de vue dans l�obscurit�.
�J��tais convaincu que je ne le reverrais plus.
�Il avait � peine disparu que Simpson vient � moi et me dit:
�-- Il va y avoir une jolie affaire au ravin du Pi�ge � mouche, cette nuit. Les gar�ons disent que Hawkins est parti une demi- heure � l�avance pour attendre Scott et le tuer � bout portant. Je suis d�avis que le coroner aura de la besogne demain.
Chapitre III
�Que se passa-t-il dans le ravin cette nuit-l�?
�C��tait une question qu�on ne manqua pas de se poser le lendemain matin.
�Un demi-sang �tait � la pointe du jour dans la boutique de Ferguson.
�Il raconta qu�un peu auparavant il s��tait trouv� aux environs du ravin vers une heure du matin.
�Il ne fut pas facile de lui faire raconter son histoire, tellement il avait l�air effray�, mais � la fin, il nous dit qu�il avait entendu des cris �pouvantables au milieu du silence de la nuit.
�Il n�y avait point eu de coups de feu, mais une s�rie de hurlements, comme qui dirait des hurlements �touff�s, tels qu�en jetterait un homme qui aurait la t�te dans un serape et qui souffrirait � mort.
�Abner Brandon, moi et quelques autres nous �tions alors � la boutique.
�Nous mont�mes donc � cheval pour nous rendre � la maison de Scott et pour cela on traversa le ravin.
�On n�y remarquait rien de particulier, point de sang, point de marques de lutte; et quand nous arrivons � la maison de Scott, il sortit au-devant de nous, aussi guilleret qu�une alouette.
�-- Hallo! Jeff, qu�il dit, pas du tout besoin de pistolet. Entrez prendre un cocktail, les camarades!
�-- Avez-vous vu ou entendu quelque chose cette nuit en rentrant chez vous? que je dis.
�-- Non, r�pondit-il, �a s�est pass� bien tranquillement. Une sorte de plainte jet�e par une chouette, dans le ravin du Pi�ge � mouche, et voil� tout. Allons, pied � terre, et prenez un verre.
�-- Merci, dit Abner.
�Alors nous descendons, et Tom Scott nous accompagna � cheval quand nous repart�mes.
Chapitre IV
�Une agitation �norme r�gnait dans la Grande Rue quand nous y arriv�mes.
�Le parti des Am�ricains avait l�air d�avoir perdu la t�te.
�Alabama Joe avait disparu. On n�en retrouvait pas miette.
�Depuis qu�il �tait all� au ravin, personne ne l�avait revu.
�Lorsque nous m�mes pied � terre, il y avait un nombreux rassemblement devant le Bar � Simpson, et je vous r�ponds qu�on regardait de travers Tom Scott.
�On entendit armer des pistolets et je vis Scott mettre lui aussi la main � sa ceinture.
�Il n�y avait pas l�ombre d�un Anglais en cet endroit.
�-- �cartez-vous, Jeff Adams, fait Zebb Humphrey, le plus grand coquin qui ait exist�, vous n�avez rien � voir dans cette affaire. Dites donc, les amis, est-ce que de libres Am�ricains vont se laisser assassiner par un maudit Anglais?
�Ce fut la chose la plus prompte que j�aie jamais vu.
�Il y eut une m�l�e et un coup de feu.
�Zebb �tait par terre, avec une balle de Scott dans la cuisse, et Scott lui aussi �tait par terre, maintenu par une douzaine d�hommes.
��a ne lui aurait servi � rien de se d�battre. Aussi ne bougeait- il pas.
�Ils parurent ne pas savoir ce qu�ils feraient de lui, puis un des amis intimes d�Alabama les d�cida.
�-- Joe a disparu, qu�il dit. C�est tout ce qu�il y a de plus certain, et voici l�homme qui l�a tu�. Quelqu�un de vous sait qu�il est all� au ravin cette nuit pour affaire; il n�est pas revenu. Cet Anglais que voil� y est all� de son c�t� apr�s lui. Ils se sont battus. On a entendu des cris du c�t� des grands Pi�ges � mouche. Il aura jou� au pauvre Joe un de ses tours de sournois et l�aura jet� dans le marais. �a n�est pas �tonnant que le corps ait disparu. Est-ce que nous allons rester comme �a et laisser tuer nos camarades par les Anglais? Non, n�est-ce-pas. Qu�il comparaisse devant le Juge Lynch, voil� mon avis.
�-- Lynchons-le, cri�rent cent voix furieuses, car � ce moment toute la colonie �tait accourue jusqu�au dernier gredin.
�-- Allons, les enfants, qu�on apporte une corde et hissons-le. Pendons-le � la porte de Simpson.
�-- Attendez un moment, dit un autre en s�avan�ant. Pendons-le � c�t� du grand Pi�ge � mouche dans le ravin. Que Joe voie qu�il est veng�, puisque c�est par l� qu�il est enterr�.
�On applaudit � grands cris, et ils partirent, emmenant au milieu d�eux Scott ficel� sur un mustang, et entour� d�une garde � cheval, le r�volver pr�t � tirer, car nous savions qu�il y avait par l� une vingtaine d�Anglais, qui n�avaient pas l�air de reconna�tre le Juge Lynch, et qui n�attendaient que le moment de livrer bataille.
�Je partis avec eux, le coeur bien �mu de piti� pour ce pauvre Scott, qui pourtant n�avait pas l�air �mu pour un sou, non, pas du tout.